L’ombre des platanes de l’avenue du Vercors menacée:

quand le réaménagement de la ligne C1 vire au paradoxe

Par l’association « Aux arbres Citadins ! » – juin 2025

« Plus de verdure », promettait le SMMAG

Le 3 avril dernier, lors d’une réunion publique à Meylan, le Syndicat Mixte des Mobilités de l’Agglomération Grenobloise (SMMAG) annonçait avec insistance sa volonté de rénover la ligne Chrono C1 tout en « végétalisant et désimperméabilisant les espaces publics ». Une intention saluée dans un contexte de dérèglement climatique et d’urbanisme durable.

Mais sur le terrain, un chantier qui fragilise un patrimoine vivant

Le 3 juin, des travaux ont été repérés à l’intersection de l’avenue du Vercors et du chemin du Habert, en lien avec la création d’un nouvel arrêt de bus « Mairie de Meylan », destiné à remplacer les arrêts existants « Piscine des Buclos » et « Mairie Meylan ». Ce nouvel aménagement prévoit l’installation d’un quai de 18 mètres sous un alignement de platanes âgés d’environ 50 ans.

Or, le 6 juin, les premiers terrassements ont causé des blessures visibles sur les racines superficielles des arbres. Les photographies prises in situ témoignent de dommages irréversibles sur le système racinaire de plusieurs sujets. En raison de la forte compaction du sol et de la proximité de la nappe phréatique, ces racines affleurantes sont vitales : les sectionner reviendrait à condamner les arbres concernés et à exposer tout l’alignement à un haut risque de dépérissement (Chancre coloré du Platane).

Un double manquement réglementaire suspecté

Le 19 juin, les services de la gestion du patrimoine arboré de la Métropole (Mme Bibollet) et la direction technique de la ville de Meylan (M. Durand), ont reçus à la suite d’un signalement transmis par l’association « Aux Arbres Citadins ! » via le réseau Sentinelles de la Nature (dossier n°2025-44891) une demande d’information sur les procédures engagées.

La première interrogation concerne l’absence ou non d’autorisation préfectorale préalable, pourtant obligatoire au titre de l’article L.350-3 du Code de l’environnement, qui protège explicitement les arbres d’alignement contre toute atteinte radicale (abattage, élagage lourd, atteinte au système racinaire). Elle demande si une procédure a bien été engagée conformément aux articles R.350-20 et suivants, et si des mesures compensatoires ont été prévues.

Autre point sensible : les outils de terrassement utilisés n’auraient pas été désinfectés avant ni après usage, contrevenant ainsi à l’arrêté ministériel du 31 janvier 2025 relatif à la lutte contre le chancre coloré du platane (Ceratocystis platani). Cette négligence, si confirmée, serait constitutive d’une infraction pénale, le secteur de Meylan étant en zone adjacente à une aire infectée (Grenoble Métropole).

Un déplacement d’arrêt difficile à justifier

Selon les associations locales, le nouvel arrêt, prévu à seulement 106 mètres de celui existant devant la mairie (qui ne menace aucun arbre), n’apparaît ni urgent ni pertinent. La question du coût, de la cohérence environnementale, et de la pertinence technique est posée : pourquoi ne pas maintenir l’arrêt existant ou le déplacer légèrement dans une zone sans végétation sensible (par exemple en face des commerces du Grand Pré) ?

Le gel du chantier annoncé, mais sous condition

Le 10 juin au matin, M. Antoine Jammes, élu à l’urbanisme de Meylan, a annoncé le gel officiel du chantier au pied des arbres et l’ouverture d’une phase d’étude d’alternatives. Cette décision, saluée par les collectifs de riverains, reste cependant conditionnée à l’arbitrage conjoint de la Métropole et du SMMAG.

Ce que demandent les associations :

•             Une expertise phytosanitaire indépendante évaluant les conséquences d’une coupe racinaire partielle et de l’enrobage prévu sur 54 m² sous les houppiers ;

•             La mise en pause complète des travaux, dans l’attente d’une solution compatible avec la santé des arbres ;

•             Le respect effectif de la Charte de l’arbre en ville, votée par la Métropole, qui stipule que « l’arbre doit être une priorité, et non une variable d’ajustement » ;

•             Le décalage de l’arrêt projeté vers une zone exempte de végétation, garantissant la compatibilité avec les normes techniques de la ligne C1, sans mise en péril du patrimoine arboré.

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Pourquoi ces platanes comptent ?

•             Confort thermique : en période de canicule, ils réduisent la température au sol de 15 à plus de 36°C (mesures du 28 Juin 2025)

•             Équilibre hydrologique : leur réseau racinaire stabilise les sols et limite le ruissellement ;

•             Valeur paysagère et patrimoniale : ils structurent l’avenue depuis les années 1970.

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Et maintenant ?

Les citoyens sont invités à faire entendre leur voix et à contacter la mairie de Meylan pour demander une issue durable, à la hauteur des enjeux environnementaux affichés par les politiques publiques locales.

Contact : mairie@meylan.fr

Une mobilité plus verte peut-elle se faire sans sacrifier l’existant ? La réponse se joue à l’ombre de ces platanes