
L’ombre des platanes de l’avenue du Vercors menacée:
quand le réaménagement de la ligne C1 vire au paradoxe
Par l’association « Aux arbres Citadins ! » – juin 2025
« Plus de verdure », promettait le SMMAG
Le 3 avril dernier, lors d’une réunion publique à Meylan, le Syndicat mixte des mobilités de l’agglomération grenobloise (SMMAG) martelait son ambition : rénover la ligne Chrono C1 tout en « végétalisant et désimperméabilisant les espaces publics ». Un engagement applaudi, à l’heure où nos villes cherchent l’ombre et la fraîcheur des arbres.
Un nouvel arrêt qui tranche… dans les racines
Moins d’un mois plus tard, la découverte du futur arrêt « Mairie Meylan », prévu vers l’intersection entre l’avenue du Vercors et le chemin du Habert, fait l’effet d’un électrochoc. Cet arrêt, qui fusionnera ceux de « Piscine des Buclos » et « Mairie Meylan », doit s’implanter exactement au pied d’un majestueux platane de l’alignement historique bordant l’avenue. Problème : pour couler la dalle de béton de 3 × 18 m nécessaire à la desserte du bus, toutes les racines situées sous l’emprise seraient sectionnées.
Un signal d’alarme lancé par les experts
Dans une note adressée à la Métropole – maître d’ouvrage du projet – la société d’ingénierie environnementale EVD alerte :
« L’alignement a été planté sur un sol très compacté ; les racines affleurent parce que la nappe phréatique est proche. Couper ces racines reviendrait à condamner l’arbre. »
En clair, le coffrage fragiliserait non seulement le platane visé, mais aussi ses voisins, connectés par un réseau racinaire en surface. À terme : risque de dépérissement, chute et perte d’ombre sur toute la section.
Aucun diagnostic arboricole préalable
Fait troublant : aucun diagnostic d’impact n’a été mené sur ces arbres qui devraient être classés au Plan local d’urbanisme comme « arbres d’alignement à protéger ». Une étape pourtant obligatoire pour tout chantier touchant le domaine racinaire d’après l’article L350-3 du Code de l’environnement qui interdit explicitement toute atteinte, abattage ou modification radicale d’arbres d’alignement sans autorisation préfectorale. Les habitants du quartier Buclos Grand -Pré, qui s’étaient félicités des promesses de renaturation, crient aujourd’hui à « l’incohérence écologique ».
Une contradiction assumée ?
Sollicité, le SMMAG reconnaît la contrainte technique mais affirme «chercher une solution »: déplacement de l’arrêt de quelques mètres ou construction d’un quai sur pilotis plutôt qu’une dalle pleine ou autre. Les riverains répondent que l’étude en amont aurait permis d’éviter cette impasse – et que l’argent public serait mieux employé à préserver le couvert végétal qu’à le sacrifier.
Pourquoi ces platanes comptent
- Confort thermique : par temps de canicule, leur ombre abaisse la température de 2 à 5 °C sur le trottoir.
- Gestion des eaux pluviales : leur système racinaire épure naturellement l’eau et limite les ruissellements.
- Patrimoine paysager : plantés dans les années 1970, ils dessinent l’identité de l’avenue.
Quelles suites ?
Le chantier doit continuer rapidement. Les associations « Aux arbres Citadins ! « et « l’UQBGP » demandent :
- Une expertise indépendante sur le futur état sanitaire de chaque arbre si la solution alternative de la métro devait être mise en place (destruction partielle du systeme racinaire plus enrobage sur 54 m²)
- La mise en pause des travaux le temps d’étudier une solution alternative, pour éviter de mettre en péril ces arbres.
- L’intégration de la charte « Arbre en ville » adoptée par la Métropole, qui impose de « faire de l’arbre une priorité, et non une variable d’ajustement ».
- Le décalage de l’arrêt « mairie de Meylan » en face des commerces Grand pré, aucun végétal ne sera en péril et les dimensions sont compatibles avec le C1.
En attendant
Mardi 10/06/2025 vers 10h00, Monsieur Antoine Jammes, en qualité d’élu de Meylan en charge de l’urbanisme a informé les Meylanais regroupés autour des platanes que la mairie gelait officiellement le chantier au pied des arbres et allait étudier les différentes alternatives très rapidement. Reste à savoir si la promesse d’une mobilité plus verte se traduira… en actes verts.
Les Meylanais sont invités à exprimer leur avis en adressant des mails auprès de la mairie de Meylan